Families are like fudge – mostly sweet with a few nuts. ℘ Feat @"Jade Farwell"

J'étais très fier de ma petite sœur, je l'avais toujours été. Jade est une femme courageuse et forte que rien n'arrête, une de celle qu'on admire, une digne descendante de la famille Farwell même si le même sang ne coulait pas dans nos veines. Un détail, ce n'est pas le sang qui compte mais le cœur et Jade est clairement faite du même bois que moi. Un peu trop au goût de nos parents d'ailleurs, deux têtes brûlées hyper-actives, heureusement qu'ils ont le cœur bien accroché ! J'ignore encore comment ils ont réussit à vivre tout ce temps sans faire au moins une crise cardiaque ! Il faudra peut être qu'on songe à les épargner un peu un jour mais, avec nos boulots respectifs, ce n'est pas gagné. En ce sens, heureusement qu'ils sont loin, c'est plus simple pour leur cacher quelques petites frayeurs... Ils ignorent par exemple ma blessure par balle, mon ex femme avait été habile pour m'aider à mentir sur le sujet et nous avions géré comme des chefs. À quoi bon les inquiéter pour rien ? Non, l'ignorance était leur salut et Jade l'avait tout aussi bien compris que moi.  

Peut-être un peu trop bien d'ailleurs car elle jouait également à ce petit jeu avec moi. Plus difficile maintenant que je squattais la même ville qu'elle mais ça ne l'empêchait pas d'essayer d'où mon accueil systématique à ses retours de déplacements. Elle le savait, c'était le deal : maintenant je suis là, je vais être un grand frère adorablement relou comme dans notre enfance ! Comme toujours, je lui laissais quand même une journée et une nuit pour se poser avant de débarquer devant sa porte pour profiter avec elle de sa journée de pause. Une journée à programme variable qui dépendait souvent du décalage horaire et de son état général. Parfois une journée devant la télé, parfois un peu de sport, des balades, un film ou un restaurant... Nous étions les pros de l'improvisation et c'était une passion. Il faut dire que c'était simple entre nous, pas de prise de tête, pas de faux semblant. Enfin, si on omet le fait qu'elle ne me parle pas toujours de ses missions et que je n'ai jamais osé lui avouer à quel point le divorce m'avait foutu en l'air... Des broutilles donc, on s'aime quand même. Et avoir des petits secrets est humain n'est ce pas ? Ça protège l'autre, ça nous protège, c'est bien comme ça. Et c'est fait avec amour en plus !

Armé de son petit déjeuner préféré et d'une tenue passe partout à la fois confortable et relativement classe, je me pointe donc à sa porte en milieu de matinée prêt à passer une de nos journée famille. Un petit skype aux parents au passage, c'est aussi dans la tradition. Les Farwell sont une famille unie, ils l'ont toujours été et la distance n'a jamais rien pu y changer. Il en faut plus pour nous abattre, impossible de se débarrasser de nous quand on y est ! Oui, attachiant   serait un bon adjectif, pour nous deux surtout je dirais. Et je l'assume parfaitement ! Je dirai même que j'en suis fier et que j'en joue. Mais c'est ce qui fait mon charme non ? Ou pas... Bref, je suis à la porte avec mon paquet et mon sourire, heureux d'entendre Praline aboyer pour signaler à sa maîtresse que la compagnie qui les attend est positive. La chienne est un amour, tout comme sa maîtresse. Je suis tellement impatient de les revoir ! Mais mon sourire tombe rapidement dans mes chaussettes en voyant ma sœur ouvrir la porte avec un bras dans le plâtre. La fourbe !

« Sis' t'es sérieuse ? Pousse toi de là et viens me raconter ça avant que je t'engueule dignement ! Et t'as de la chance qui'l y ait trop de muffin pour moi tout seul sinon j'aurais mangé ta part ! »

La grondais-je avec un air faussement accusateur gâché par un sourire en coin. Pour l'embêter, je me retenais de la prendre dans mes bras, passant devant elle au ralentit pour entrer comme si j'étais chez moi. C'était un peu le cas en vue des quelques nuits que j'avais passé sur son sofa après ma séparation... Praline se jette allègrement sur moi et je me fais un malin plaisir de la saluer bien plus dignement que sa maman avec ma main libre. Je m'installe ensuite sur le canapé après avoir posé le sac contenant nos boissons et les muffins sur sa table basse. Mon regard retrouve celui de Jade à qui je souris avant de taper sur la place à côté de moi.

« Et pour la peine je te laisse te débrouiller pour te servir vilaine fourbe ! »

La taquinais-je, cachant mon inquiétude vis-à-vis de son état. Je n'aimais pas qu'elle se blesse, ça me faisait toujours me sentir coupable... Déjà que je m'en voulais de ne pas avoir pu être plus présent lors de sa fausse couche... J'allais me rattraper maintenant, qu'elle le veuille ou non ! Paix à son âme !

Pando

Ma sœur était une réelle aventurière et au moins aussi casse-cou que moi... Je ne pouvais en vouloir qu'à moi-même pour le coup car je ne lui avais jamais réellement montré le bon exemple dans notre jeunesse : toujours prompt à faire une cascade, hyper-actif et hyper-enthousiaste vis-à-vis des sensations fortes. Bien fait pour moi ! Mais j'avais toujours été plus grand et plus large d'épaules qu'elle qui avait toujours parut si frêle à côté de moi... Quoi que je n'avais jamais été très objectif la concernant, toujours trop inquiet et trop protecteur à son égard. Un peu trop à son goût d'ailleurs ! Ce dont je me fichais pas mal car j'étais son grand frère et que c'était donc mon rôle. Un rôle que je n'avais pas toujours pu tenir correctement et pour lequel j'allais me rattraper maintenant que j'étais plus proche.

Toujours est-il que sa cachoterie du moment me pinça légèrement le cœur. Qu'elle mente à nos parents restaient en Irlande pour ne pas les inquiéter c'est un compte mais moi ? Bon, elle avait sûrement eu raison car j'aurais été capable de louer un avion pour venir la récupérer moi-même par la peau des fesses... Mais pour son bien ! Les hôpitaux dans certains pays sont abominables et, même une petite plaie peut s'y changeait en horreur ! Mon bref passage à l'armée m'en avait montré un aperçu que je ne souhaitais à personne et encore moins à ma petite sœur bien trop courageuse. Ainsi, mon sourire avait disparut en constatant cette blessure cachée et je du me retenir de ne pas lui offrir un retour trop chaleureux... Rancunier ? Un peu oui mais surtout pour l'emmerder.

« Ça m'a l'air un peu trop bien emballé pour n'être que rien de grave. »

Soupirais-je en me concentrant sur Praline pour ne pas prendre ma sœur dans mes bras ou avoir l'air trop inquiet. Une fois sur le canapé, je suis heureux que ma distraction poilue me suive et s'installe près de moi, elle me connaît bien elle aussi et mon sourire revient donc malgré moi. Il s'élargit même en voyant ma petite sœur me rejoindre et galérer à prendre sa boisson tout en tentant de me rassurer. Bien installé au fond du canapé, mes bras étendus sur le dossier, je la regarde faire avec un léger regard moqueur. Nous aimons nous taquiner, ça a toujours été. Qui aime bien châtie bien non ?

« Le gros nounours aura terminé sa crise d'inquiétude quand tu auras réussi à te dépatouiller avec ta tasse ma grande ! » La taquinais-je donc avant de prendre pitié d'elle et de m'avancer pour lui tenir le carton afin qu'elle puisse en tirer sa boisson. J'attrape la mienne au passage puis me re plonge dans le canapé. « Et j'imagine qu'il s'est juste cassé de lui-même au détour d'un chemin ? » Ajoutais-je, un sourcil levé et un air sceptique dans sa direction. « Ou l'humanitaire est devenu bien plus violent qu'à mon époque ? »

Casse-cou comme je la connaissais, il n'était pas impossible qu'elle soit juste tombée en voulant grimper dans un endroit improbable pour avoir une meilleure vue... Il n'y avait pas d'autres plaies sur son visage ou sur la peau que je pouvais voir, rien de trop grave donc. Puis elle n'avait pas été rapatriée avant l'heure non plus ce qui fait qu'ils avaient estimé qu'elle pouvait rester là bas jusqu'au bout malgré cette blessure. Inquiet ou non, je n'étais pas paranoïaque et je lui faisais confiance. Ma sœur était une femme forte et admirable qui n'avait pas besoin qu'on veille sur elle.

Pando

J'aimais tellement taquiner ma petite sœur et lui chercher des poux ! C'était encore plus drôle du fait qu'elle réagisse toujours au quart de tour, ne m'épargnant pas plus. Qui aime bien châtie bien non ? Nous en étions la définition même d'ailleurs et j'adorais ça.

« Cassé ? Et depuis quand cassé n'est rien de grave !? » M'exclamais-je, en faisant volontairement des caisses. « Et ça n'a rien à voir ! » Ajoutais-je ensuite, les bras croisés comme un enfant pris le main dans le sac. « C'était une omission nécessaire pour éviter aux parents de faire une crise cardiaque ! » Me défendis-je, sûr de moi malgré mon sourire qui gâchait le semblant de sérieux que j'avais adopté. « Pfff... Ce n'est pas moi que tu aimes mais le contenu de ce gobelet ! Inutile de mentir sis', je te connais trop bien ! »

M'amusais-je, lui tirant la langue à mon tour. Pas un pour sauver l'autre vraiment... Mais qu'est ce que c'était drôle et agréable ! Il n'y avait pas de prise de tête entre nous, juste cet amour inconditionnel que rien n'avait su écorcher. Ni la distance, ni les épreuves... Et la petite lueur de nostalgie dans son regard ne m'échappa pas, me tordant le cœur comme à chaque fois. J'aurais aimé protéger ma sœur davantage même si je savais que je n'étais pas un super héros et que je n'aurais rien pu faire pour son bébé ou son ex. Je ne pouvais qu'être là pour elle à présent, ne plus l'abandonner.

« Tu sais qu'il ne faut pas passer par le boulot Jade, appelle moi directement la prochaine fois. Aucune enquête n'est plus importante que toi. » Affirmais-je avec plus de sérieux, mon regard dans le sien. « Et c'est quoi cette histoire ? Tu sais bien que je ne suis jamais crevé ! »

Ajoutais-je avec un clin d'œil amusé, à nouveau faussement choqué. Mais je repris mon sérieux, lui lançant même un faux regard menaçant alors qu'elle hésitait à me dire la vérité sur l'origine de sa blessure. Elle me connaissait assez pour savoir que je ne lâcherai pas l'affaire tant que je n'aurais pas de réponse, même si ça devait m'inquiéter plus encore ou simplement me faire mourir de rire. Ce ne serait pas la première fois, ni pour l'un ni pour l'autre ! Et ça n'allait clairement pas être la dernière, c'était une évidence. La jeune femme finit donc pas m'avouer la vérité, m'obligeant à retenir un éclat de rire en me pinçant les lèvres.

« Tu pensais que j'allais t'engueuler ? Comment veux-tu que je t'engueule pour un truc aussi débile ? » Riais-je, tentant de rester sobre bien que j'exagérais clairement le fou rire que je prétendais retenir. « Glisser en étant bourrée ? Non mais franchement sœurette ! Tu fais honte à notre sang Irlandais vraiment ! » Ajoutais-je en secouant la tête, prétendant de reprendre un air sérieux voire déçu. Mon sourire gâchait encore tout, bien sûr. Je me grattais la gorge comme pour m'aider à reprendre mon calme. « Je... Non mais vraiment ! Glisser en étant bourrée ! » Repris-je, riant de bon cœur cette fois, exagérément toujours, sinon ce n'est pas drôle. « Il va vraiment falloir que je te forme, dès ce soit on va au pub Irlandais pour corriger tout ça ! »

Lançais-je, faisant mine de m'essuyer un œil et après avoir reprit un peu de sérieux. Je ne voulais pas en faire une alcoolique, il y avait bien assez de moi dans la famille... Mais j'aimais l'emmener dans ce pub qui nous rappelait nos origines et passer du temps avec elle. C'était une excellente excuse non ? Non pas que j'en ai réellement besoin remarque.

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